homme en flammes

L’état inflammatoire peut s’installer à bas bruit dans le corps. Il vaut mieux le repérer avant qu’il ne mine progressivement nos systèmes immunitaires, antioxydants et énergétiques, et accélère notre vieillissement.

Article mis à jour le 8/04/2023

Distinguer inflammation aiguë et inflammation chronique

L’inflammation est une réaction normale de défense de notre corps. Elle se produit lorsqu’un élément étranger pénètre dans nos tissus (bactérie, virus, toxine, corps étranger…) ou qu’une réparation est nécessaire (après un choc, une plaie…). Le syndrome inflammatoire se caractérise localement par un afflux de sang plus important, avec rougeur, chaleur, gonflement et souvent douleur.

De cette façon, le corps apporte des éléments réparateurs dans cette zone, augmente le travail de ces éléments, alors que la douleur nous conduit à la mettre au repos. L’inflammation est donc nécessaire mais ne doit être qu’une partie momentanée de ce processus de réparation, d’une durée limitée.

L’inflammation chronique se différencie par trois choses :
– elle se fait à bas bruit, avec peu de symptômes apparents,
– elle peut se généraliser dans tout le corps,
– elle dure dans le temps.

Les effets de l’inflammation chronique

douleursSes effets sont donc insidieux mais plus profonds qu’on ne le pense. Aux USA, elle est appelée le « tueur silencieux ». En particulier, l’inflammation chronique accélère notre vieillissement.

On sait qu’elle favorise le raccourcissement de nos télomères (qui protègent notre ADN), tout comme le fait l’excès d’oxydation dans nos tissus corporels.

L’inflammation chronique favorise la dégénérescence des cellules et des tissus comme les articulations (arthrose), les tendons, les muscles, les parois des vaisseaux (artériosclérose), le pancréas (diabète)… Elle entraine, à la longue, une baisse des défenses immunitaires.

On sait aujourd’hui que l’inflammation chronique fait le lit de diverses maladies à composante inflammatoire :

  • maladies cardiovasculaires, infarctus, AVC… en favorisant la formation de caillots
  • diabète de type 2 (Lontchi-Yimagou E 2013)
  • certains cancers
  • arthrites, polyarthrite rhumatoïde, rhumatismes divers et tendinites diffuses,
  • asthme, syndrome de l’intestin irritable,
  • maladies neuro-dégénératives type Alzheimer, maladies auto-immunes, etc…

Elle augmente les taux de radicaux libres et donc l’oxydation du corps.

Les causes et facteurs de risque de l’inflammation chronique

Elle est le plus souvent due à une stimulation permanente des fonctions de défense (immunité) ou de réparation du corps. Quatre grandes causes se distinguent :
– les foyers d’infection chronique (tels que les foyers dentaires, gynécologiques, sinusiens, gorge, oreilles…)
– l‘alimentation inflammatoire moderne : trop transformée et industrielle, trop riche en sucres, graisses saturés et graisses hydrogénées « trans », trop cuite, trop pauvre en fibres et en oméga 3…
– l’inflammation intestinale, souvent en lien avec un déséquilibre de la flore intestinale et/ou un intestin micro-poreux, et qui peut favoriser des intolérances alimentaires souvent ignorées,
– l’afflux permanent de toxines internes (par mauvaise hygiène de vie) et/ou de polluants externes, que le corps a du mal à éliminer.

Flore digestive et inflammation

L’intestin est le principal siège de notre immunité, une inflammation légère y est normale permettant de contrôler le développement du microbiote (notre flore bactérienne digestive).

Cependant, en cas d’excès de « mauvaises bactéries » (dites pathogènes) ou de levures, des réactions inflammatoires plus fortes ont lieu. Elles sont dues à la présence de composants de ces bactéries (notamment des lipopolysaccharides ou LPS) qui irritent la membrane intestinale. En cas de forte inflammation (ou si elle est prolongée), l’intestin peut devenir poreux et laisser passer ces LPS dans le sang. Ils pourront alors provoquer des réactions inflammatoires dans d’autres tissus ou organes.

D’autres facteurs favorisent l’inflammation chronique comme :

  • la charge glycémique (IG) des aliments générant des pics d’insuline. Les sucres et l’excès de glucose dans le sang sont pro-inflammatoires.
  • l’excès de calories dans l’alimentation
  • l’obésité
  • la sédentarité
  • le stress chronique et l’insomnie (favorisent la sécrétion de TNF alpha, un des marqueurs de l’inflammation)
  • la baisse des hormones sexuelles (oestrogènes et testostérone) qui sont très impliquées dans les réactions immunitaires de l’organisme
  • la présence continue d’allergènes dans l’environnement et l’habitat
  • l’excès de fer dans le sang…

Le vieillissement lui-même favorise l’inflammation vraisemblablement en lien avec la baisse des fonctions immunitaires. On retrouve plus de marqueurs biologiques de l’inflammation chez les sujets âgés. D’autres causes peuvent être :

  • le ralentissement général des fonctions antioxydantes, hormonales, ou/et détoxicantes,
  • l’altération et le moins bon fonctionnement des mitochondries* (les petits génératrices d’énergie dans nos cellules) qui libèrent de plus en plus de radicaux libres,
  • l’accumulation avec l’âge de toxines ou polluants dans le corps,
  • l’accumulation de cellules sénescentes dans nos tissus (des cellules vieillies qui n’ont pu s’éliminer d’elles même par apoptose, le fameux « suicide » cellulaire), etc…

Ceci crée un véritable cercle vicieux : l’inflammation favorise le vieillissement et les maladies qui sont liées. Tout cela engendre en retour de l’inflammation.

Comment savoir si on est sujet à l’inflammation chronique ?

Les marqueurs biologiques

analyses Il se mesurent par des analyses de sang. Les plus couramment demandées sont :

CRP (protéine C réactive)
fibrinogène
– VS (vitesse de sédimentation)
– ferritine et transferrine (liées au statut en fer qui ne doit pas être trop haut)
– pré-albumine.

Moins couramment, on peut demander :
TNF-alpha (facteur de nécrose tumorale) secrété par les globules blancs
– CRP ultrasensible
interleukines
haptoglobine…

Les symptômes

Tout le problème de la suspicion d’inflammation chronique est là : elle peut passer inaperçue, sans signe particulier. Voici néanmoins quelques symptômes pouvant évoquer l’inflammation. Lorsque ces symptômes sont vécus au quotidien et pendant des mois (ou des années), ils peuvent alors signer l’inflammation chronique :

  • douleurs diffuses, musculaires, tendineuses ou/et articulaires
  • douleurs digestives avec ventre sensible
  • rougeurs cutanées ou muqueuses permanentes
  • température du corps constamment élevée au dessus de 37°
  • hypersensibilité permanente de certaines parties du corps
  • fatigue permanente anormale
  • troubles de l’humeur, déprime
  • vertiges et pertes d’équilibre
  • foyers inflammatoires chroniques ORL (sinusite, angine, otite…) ou digestifs ou gynécologiques…

Comment lutter contre l’inflammation chronique

Les nutriments « anti-inflammatoires »

omega 3Les oméga 3 participent largement à la diminution des processus inflammatoires. En particulier, ils doivent être suffisamment présents dans notre alimentation par rapport aux oméga 6. Le rapport en quantités oméga 3 / oméga 6 devrait être de 1 pour 5 (voire plus). De nos jours, dans les sociétés modernes occidentales il n’est pas rare d’observer des rapports de 1 pour 10 ou 1 pour 20, ce qui est très faible et favorable à l’inflammation.

Les oméga 9 ont également une action anti-inflammatoire. Il s’agit d’acides gras mono-insaturés (très présents dans l’huile d’olive).

Le GLA ou acide gamma-linolénique est également intéressant. C’est une exception parmi les oméga 6 qui sont, pour la plupart, pro-inflammatoires. Cet acide gras insaturé est très présent dans les huiles de bourrache ou d’onagre, classiquement utilisées contre les inflammations cutanées, articulaires (polyarthrite) ou gynécologiques… Cet effet est plus marqué lorsque le GLA est associé à des apports d’acide linolénique (oméga 3). L’huile ou les graines de lin sont très riches en acide linolénique.

Les fibres alimentaires, en évitant les pics de glycémie (sucre dans le sang) et en accélérant le transit intestinal, ont démontré des effets contre l’inflammation.

Les antioxydants sont, en général, également anti-inflammatoires, notamment : les anthocyanes, la quercétine, la N-acétyl-cystéine… On les trouve dans les légumes peu cuits et les fruits frais, notamment les baies. Il s’agit généralement de végétaux aux couleurs foncées : violets, bleus, rouges (voir plus bas).

Les épices et en particulier le curcuma, le gingembre, l’ail, le basilic, le romarin mais aussi le thé vert, le cacao… ont des vertus anti-inflammatoires.

L’hygiène de vie

Le sport permet de réduire les phénomènes inflammatoires chroniques quel que soit l’âge.

Un bon sommeil (suffisamment long) favorise la fabrication de protéines réparatrices anti-inflammatoires (comme le LCRP).

Le stress étant un facteur avéré d’inflammation, il faudra savoir s’en occuper activement. La relaxation, par exemple, a prouvé également ses effets sur l’inflammation dans le corps humain, tout comme les exercices respiratoires.

Comment manger « anti-inflammatoire »

Il est possible d’agir contre l’inflammation chronique au niveau de l’alimentation en choisissant ses aliments. Une alimentation proche du régime crétois (riche en légumes, huile d’olive et antioxydants, pauvre en sucres et céréales, limitée en protéines animales) a d’ailleurs prouvé ses effets sur l’inflammation.

regime cretoisEn fait, dans les régimes proposés, dits « anti-inflammatoires », on retrouve ni plus ni moins les règles de base d’une alimentation saine anti-âge. Les voici pour mémoire :
– moins de sucres et un choix d’aliments à index glycémique bas donc avec plus de fibres qui vont favoriser un microbiote intestinal de qualité (certaines « bonnes bactéries » intestinales ont des propriétés pour réduire l’inflammation)
– moins d’acides gras trans, et surtout, plus d’oméga 3
– plus de fruits et légumes et d’épices (également riches en antioxydants) dont en particulier curcuma, ail et gingembre
– plus de végétaux foncés riches en anthocyanes : myrtilles, mures, canneberge, cassis, raisin rouge, chou rouge, fraises, cerises, prunes noires,
– manger moins cuit en général, et éviter les aliments frits, grillés, roussis, pour éviter le phénomène de glycation qui favorise le vieillissement des tissus et l’inflammation.

On pourrait ajouter qu’en particulier, les carences en zinc, magnésium et vitamine D favorisent l’inflammation chronique.

Traitement intégral de l’inflammation chronique

La première chose à faire est de rechercher la ou les causes de cette inflammation qui s’est installée progressivement (voir plus haut). Il convient ensuite de les corriger et l’alimentation est souvent la première concernée. Il existe aussi des traitements pour aider à diminuer l’inflammation chronique. Ils pourront aider mais il s’essouffleront si l’on ne traite pas la cause comme on vient de le voir.

Les acides gras insaturés : oméga 3 et l’oméga 6 GLA. Les carences en oméga 3 sont très fréquentes. Pensez à vous complémenter suffisamment longtemps (3 mois) tout en modifiant vos habitudes alimentaires (huiles de lin, noix, carthame, chanvre… pressées à froid, poisson, cuisson modérée des aliments, viandes et oeufs bios, chia, etc…).

Les plantes anti-inflammatoires, on peut les choisir selon leurs différentes propriétés :
harpagophytum titré en harpagosides (principe actif) : traditionnellement utilisée pour les douleurs rhumatismales. Deux gélules de 400mg par jour en traitement de fond pour une personne de poids moyen (65k).
– le curcuma : il faut de grandes quantités de curcuma en poudre pour être efficace, les extraits titrés en curcumine (principe actif du curcuma) sont plus pratiques et plus efficaces (en traitement de fond). Ils ont un effet anti-inflammatoire général et antioxydant.
– le thé vert (titré en polyphénols et flavonoïdes pour des taux de substances actives contrôlés) : c’est aussi un antioxydant puissant. Deux gélules de 400 mg le matin en traitement de fond. Beaucoup d’études aussi sur la prévention des cancers (digestifs, sein, poumon…), des effets contre la formation du mauvais cholestérol et protecteurs cardiovasculaires, également stimulant des défenses immunitaires…
– la boswelia serrata (par la 5-loxin qu’elle contient) est traditionnellement employée contre les articulations enflammées en médecine ayurvédique. Ses effets contre l’inflammation ont été largement démontrés depuis. Elle est utilisée dans l’asthme, l’arthrite, certaines inflammations intestinales…
– les bourgeons de cassis, l’ulmaire (reine des près), le saule…, sont aussi connus pour lutter contre l’inflammation.

En allopathie : l’aspirine, la metformine et la pentoxifylline à petites doses sont employées en médecine anti-âge.

La pregnénolone et la DHEA qui diminuent avec l’âge, peuvent avoir des effets réduisant l’inflammation car elles favorisent la synthèse du cortisol dans notre corps, le grand anti-inflammatoire naturel. De plus, la remontée du taux de ces hormones s’accompagne souvent d’une amélioration de l’humeur et des fonctions cérébrales, toujours intéressante.

Conclusion

Bien qu’assez fréquente, l’inflammation chronique n’est pas partout ni chez tout le monde. Il n’y a pas de raison pour paniquer ! Ceci dit, il ne faut pas la laisser s’installer dans notre organisme, surtout si l’on est exposé à plusieurs des facteurs de risque vus plus haut. Pour cela, avoir une bonne alimentation et une bonne hygiène de vie sont la base d’une bonne prévention.

S’il existe des raisons ou des symptômes évoquant une possible inflammation chronique, il faut la confirmer par des examens biologiques. Dans le cas où elle s’est installée, alors son traitement sera :

– la recherche et l’élimination des causes possibles
– l’adoption d’une alimentation saine et l’amélioration de l’hygiène de vie
– un traitement intégral, le plus naturel possible, de cette inflammation, jusqu’à ce qu’elle disparaisse et que les analyses comme les symptômes se normalisent.

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