poissons algues et iode

L’iode est un oligo-élément indispensable à la vie. Présent en très petites quantités dans l’organisme, il est néanmoins le moteur de fonctions vitales : production des hormones thyroïdiennes, régulation du métabolisme, développement du cerveau et équilibre énergétique.

Les campagnes de santé publique ont permis de réduire les carences grâce au sel iodé mais celles-ci demeurent fréquentes, surtout chez les personnes âgées, les femmes enceintes, et les régimes spécifiques (végétariens, sans produits de la mer). Or, un déficit chronique peut avoir des conséquences silencieuses mais profondes sur la santé et accélérer certains processus du vieillissement.

L’iode et la thyroïde : indissociables

La thyroïde utilise l’iode pour fabriquer ses deux principales hormones :

  • la thyroxine (T4),
  • la triiodothyronine (T3).

Ces hormones régulent la dépense énergétique, la température corporelle, la croissance des tissus, l’élasticité de la peau et même l’équilibre psychique. Sans apport régulier d’iode, la thyroïde s’épuise et le corps tout entier ralentit.

Dès la grossesse, l’iode est crucial : il conditionne le développement cérébral du fœtus. C’est pourquoi les besoins augmentent fortement chez la femme enceinte et allaitante.

Le déficit en iode : un problème encore actuel

Malgré le sel iodé et la relative abondance de produits de la mer, la carence en iode persiste. Elle concerne surtout :

  • les populations qui consomment peu de poissons et fruits de mer (végans, certains végétariens…),
  • les personnes âgées, surtout avec des régimes sans sel,
  • les individus vivant dans des zones pauvres en iode (zones montagneuses).

En France, les apports restent parfois inférieurs aux recommandations, en particulier chez les jeunes femmes.

Iode et vieillissement : un rôle sous-estimé

Au-delà de la thyroïde, l’iode semble jouer un rôle plus large dans la santé du vieillissement.

Métabolisme et énergie

Un apport adéquat d’iode permet de maintenir la production d’hormones thyroïdiennes et donc un métabolisme actif. Les hormones thyroidiennes régulent l’activité d’à peu près toutes les fonctions vitales. Cela contribue à éviter la fatigue chronique, la digestion lente, le ralentissement musculaire et la prise de poids liée à l’âge…

Peau et cheveux

Les hormones thyroïdiennes influencent la qualité du collagène, l’hydratation cutanée et la densité capillaire. Un déficit en iode peut accentuer la sécheresse de la peau et la fragilité des cheveux.

Cerveau et cognition

Des études suggèrent qu’une carence chronique pourrait être associée à une perte plus rapide de volume cérébral et à une fragilisation cognitive. Chez les seniors, certaines hypothyroïdies frustes sont confondues avec des troubles de mémoire liés à l’âge.

Effet antioxydant

L’iode aurait aussi un rôle antioxydant direct, contribuant à neutraliser les radicaux libres et à protéger les tissus contre le stress oxydatif, mécanisme central du vieillissement.

L’iodurie : vérifier son statut en iode

L’iodurie (taux d’iode dans les urines) est le marqueur le plus fiable pour évaluer l’apport en iode récent.

  • En dessous de 100 µg/L, on considère qu’il existe un déficit.
  • Entre 100 et 200 µg/L, l’apport est jugé suffisant pour un adulte.

Un déficit iodé chronique entraîne une stimulation de la TSH (hormone hypophysaire) qui augmente dans le sang, une hypertrophie de la thyroïde (goitre) et, à terme, une hypothyroïdie. En fait, beaucoup de symptômes attribués à “l’âge” (fatigue, frilosité, ralentissement intellectuel…) peuvent en réalité venir d’un manque d’iode avec baisse de la fonction thyroïdienne (pour avoir une idée vous pouvez faire votre bilan de forme ici).

Les sources alimentaires de l’iode

crevettes 2

Les sources d’iode sont principalement les produits d’origine marine :

  • poissons, crustacés, mollusques sont les aliments les plus riches en iode : 100-180µg / 100g ;
  • le poisson d’eau douce n’en contenant que 4µg pour 100g,
  • les algues sont également riches en iode (de 10 à 1300µg / 100g selon l’espèce.

Les produits laitiers et céréaliers ainsi que les oeufs et leur produits dérivés contribuent également à l’apport en iode (oeuf : 48µg ; les fromages : 26µg ; produits laitiers frais : 18µg ; le lait : 15µg).

Dans le cadre d’une mesure de santé publique, le sel de table est souvent utilisé comme vecteur d’enrichissement en iode.

Principales sources de Iode pour 100g (calcul en mg)

Huile de foie de morue 400
Terrine de fruits de mer, avec ou sans poisson 310
Maquereau, mariné 285
Merlan 213
Saumon 200
Moules 197
Oeuf, jaune (jaune d’oeuf), cru 175
Thon 150
Parmesan 131
Cabillaud 130
Fromage de brebis des Pyrénées 124
Cabillaud 122

Source: https://ciqual.anses.fr

Comment éviter les carences en iode

La prévention au quotidien

  • Diversifier son alimentation : intégrer régulièrement des poissons, fruits de mer et produits iodés.

  • Contrôler sa thyroïde : dosage TSH + iodurie si les symptômes suivants sont présents : fatigue persistante, frilosité, perte de cheveux, troubles cognitifs inexpliqués…

  • Attention aux régimes sans sel : privilégier un sel iodé en faible quantité plutôt que supprimer totalement l’iode.

  • Pour les seniors : un déficit discret peut passer inaperçu mais accélérer le vieillissement fonctionnel.

Supplémentation : équilibre et précautions

  • Apports recommandés : environ 150 µg/jour pour l’adulte, 250 µg pour la femme enceinte.
  • Carence avérée : une supplémentation peut être proposée sous contrôle médical.
  • Excès : au-delà de 500 µg/jour de façon régulière, des effets paradoxaux apparaissent : hypothyroïdie induite par excès d’iode (effet Wolff-Chaikoff) ou hyperthyroïdie chez les sujets sensibles.

Comme toujours, il faut éviter à la fois le déficit et l’excès.

Prévention de la carence en iode et enrichissement

ELes sels Mgn 2003, l’Afssa a définit des moyens pour pallier cette déficience, en choisissant d’enrichir quelques aliments en iode, tout en s’assurant qu’ils seront bien consommés par les personnes âgées de 10 ans et plus. Les aliments retenus pour être enrichis en iode sont les produits de panification (pains, biscottes, viennoiseries). Ce sont des produits de consommation courante et assez faciles à enrichir.

En conclusion

L’iode est un micronutriment discret mais il agit au cœur de la vitalité. En garantissant un bon statut iodé, vous soutenez la thyroïde, l’énergie, la peau, les cheveux, la cognition et peut-être même le ralentissement du vieillissement.

Ni trop, ni trop peu : l’équilibre en iode est l’un des piliers d’une santé durable et d’un vieillissement en forme.