Le sang d’un animal jeune en injections intraveineuses pourrait avoir des effets rajeunissants sur les organes d’un animal receveur d’une autre espèce.
Le sang des jeunes pour rajeunir les vieux
Des effets rajeunissants ont été déjà démontrés en dérivant le sang de jeunes souris vers la circulation de souris plus vielles, les reliant l’une à l’autre (voir notre article : 4 découvertes pour rallonger la vie).
Pour la petite histoire, peu après, des centres de transfusion de sang de sujets jeunes commençaient à ouvrir aux USA, moyennant la somme de 8000$ la transfusion.
D’autres études ont eu lieu depuis, et certaines molécules ont été identifiées, présentes à des taux plus élevés dans le sang jeune, susceptibles d’expliquer des effets anti-âge chez les receveurs.
Du plasma de porc injecté à un rat
Cette fois, les chercheurs ont injecté des fractions de plasma de porc jeune, dans la circulation sanguine de souris âgées. Cette technique évite de stresser l’animal en le « branchant » à un autre plus jeune. De plus, l’animal donneur étant beaucoup plus gros, les quantités de plasma utilisable sont bien supérieures. Jusqu’à 100% du plasma du rat âgé est remplaçable.
Dans cette étude, la fraction plasmatique ayant été utilisée est celle qui contient les « exosomes« . Elle est nommée E5.
Les exosomes sont des micro-vésicules contenant différents constituants des cellules, et sécrétées de façon active par celles-ci, autour d’elles. Ces vésicules vont ainsi relarguer leur contenu (protéines, lipides, différents types d’ARN…) dans le milieu inter-cellulaire, d’où ils pourront circuler. Leur rôle dans la communication entre les cellules, les processus de réponse immunitaire, et la réparation des tissus corporels est vital. Il décline pendant le vieillissement.
Deux séries d’injections intraveineuses ont été réalisées sur les animaux, sur une durée totale de 155 jours.
Pour évaluer l’effet de ce protocole, 6 différents tests de mesure de l’âge biologique ont été utilisés, comme par exemple : la mesure de la méthylation de l’ADN, de la glycation des immunoglobulines, ainsi que des tests mis au point par les chercheurs, réalisés sur les cellules de différents tissus des rats.
Une réduction importante de l’âge biologique de certains organes
Leurs conclusions rapportent des effets de réduction de l’âge biologique impressionnants sur certains tissus (comme le cœur, le sang et le foie en particulier) avec une moyenne de 67% de réduction de l’âge biologique de ces organes (calculé par les tests spécifiques cités plus haut) en quelques mois.
En outre, il a été constaté une amélioration de la force musculaire des animaux traités, ainsi qu’une moindre tendance à accumuler la graisse que dans le groupe témoin. Les animaux traités ont eu des performances cognitives meilleures en fin de traitement. Plusieurs biomarqueurs classiques du fonctionnement des reins, pancréas, foie, ont été aussi améliorés.
Enfin, les défenses anti-radicalaires (antioxydantes), diminuées chez les sujets vieillissants, se rapprochaient de celles des rats jeunes après le traitement, alors que des marqueurs de l’inflammation se réduisaient.
Aucun effet secondaire n’a été noté à l’issue des 155 jours de traitement.
Que faut-il en retenir ?
Il s’agit donc ici d’un rajeunissement observé au niveau cellulaire, accompagné d’amélioration de l’état général physique et cognitif des animaux. On voit déjà dans les médias le parallèle fait, avec l’âge humain passant de 80 à 26 ans, si l’on applique de même pourcentage de réjuvénation (67% de réduction d’âge biologique).
Nous n’en sommes pas là mais cette étude est intéressante car on peut bien évidemment penser à l’appliquer à l’être humain. Il ne s’agit pas cette fois d’injecter des molécules de synthèse au potentiel toxique ou de thérapies géniques (comme on le voit souvent) mais des substances « naturelles » bien qu’on ne sache pas encore quels animaux pourraient fonctionner pour l’humain.
On peut tout de même se poser certaines questions :
Faut-il continuer ce traitement pour conserver les bénéfices acquis ? En effet, il est probable que les exosomes d’animaux jeunes permettent une amélioration des fonctions de certains organes tant qu’ils sont présents. Une précédente étude des mêmes scientifiques montrerait qu’après 2 mois sans traitement, des effets sont encore notables mais cela reste insuffisant pour parler de réel long terme.
Et toujours à long terme, quels pourraient être les effets secondaires d’injecter des exosomes d’animaux chez l’humain ?
D’autres études avec le sang jeune chez l’animal âgé ont montré des augmentations variables de la durée de vie d’animaux traités mais au sein de la même espèce.
Il est compréhensible que certains aient commencé depuis plusieurs années à se faire injecter du sang de jeunes humains puisqu’ a priori, il ne devrait pas y avoir de risque majeur mais est ce bien raisonnable ? Et n’y a t’il pas de risques de dérives éthiques ?
A ce sujet, Linda Katsimpardi directeur de recherche à l’Inserm nous rappelle que « Le sang des jeunes individus renferme des facteurs de croissance qui pourraient favoriser les cancers ».
En tous cas, consécutivement à cette étude, les chercheurs évoquent des futures possibilités pour traiter des troubles du vieillissement chez l’homme ou rallonger la vie des animaux de compagnie, ou encore « prévenir l’extinction d’espèces animales menacées »… En effet, avec les cochons, le problème de l’éthique devrait être réglé. A suivre donc…
est ce pour ça la raison qu’un milliardaire américain se fait injecter le sang de son fils ?