La continuité d’une première étude
Déjà en 2016, Vladimir Titorenko, professeur de biologie à la Faculté des arts et des sciences de Concordia (Montréal) et son équipe, avaient expérimenté l’effet d’extraits de plantes sur la durée de vie de levures. Ils considèrent, comme d’autres scientifiques, que ces micro-organismes ont un processus de vieillissement comparable à celui des cellules humaines.
Des résultats positifs pour 6 extraits de plantes avaient alors été publiés (voir ici), où la durée de vie des levures ainsi traitées était grosso-modo doublée. Des résultats estimés, par les auteurs, supérieurs à ceux obtenus avec tout autre produit chimique capable d’améliorer significativement le temps de vie.
Aller plus loin en associant les produits
Toujours en quête d’amélioration de la longévité des levures, les chercheurs ont ensuite testé des paires d’extraits de plantes. Enfin, ils ont testé l’association de certaines extraits avec des produits anti-âge déjà reconnus dans des études, avec à nouveau des résultats positifs, récemment publiés dans la revue Oncotarget.
Ces extraits végétaux sont utilisés traditionnellement en médecine chinoise. Il s’agit de Cimicifuga racemosa, Valeriana officinalis, Passiflora incarnata, Ginkgo biloba, Apium graveolens et l’écorce de Saule blanc. Ce sont des plantes également très courantes dans la phytothérapie moderne. Elles agiraient sur différentes voies métaboliques impliquées dans la régulation de la longévité comme le font aussi certaines substances telles que le resvératrol, la rapamycine, la metformine, la spermidine…
Cette nouvelle étude a testé la synergie des paires possibles entre ces plantes, et aussi en les couplant chacune avec la spermidine ou le resvératrol. D’après les chercheurs, certaines paires ralentiraient encore plus le vieillissement des levures que dans la première étude, grâce à un effet de synergie.
Parmi les couples les plus efficaces : cimicifuga et saule blanc, passiflore + resvératrol, saule blanc + resvératrol.
L’hypothèse était que cette synergie existe lorsque les deux produits agissent sur des voies différentes impliquées dans le vieillissement (par exemple la voie mTOR, la voie de l’AMPK, l’effet antioxydant, la protection de l’ADN, etc…). C’est bien confirmé par cette expérimentation.
L’avis d’anti-âge intégral
Une étude aux résultats à peine croyables avec des durées de vie multipliées par 3 ou 4 mais… pour des levures. Il faudra que tout cela soit répété et vérifié chez le mammifère, et mieux, chez l’homme.
Si la mise en présence de nos cellules avec ces composés pouvait avoir des effets similaires, cela ouvrirait un large champ d’investigations sur l’amélioration de la longévité avec des produits simples et naturels. Cependant, nous sommes loin de pouvoir extrapoler ces résultats à l’homme. C’est tout le problème de ces études sur des modèles microscopiques ou des petits animaux où la voie d’administration et les dosages sont difficilement comparables.
Si l’on peut arriver à atteindre nos cellules avec des substances simples (même chimiques) comme la rapamycine ou le resvératrol, il n’en est pas de même avec des extraits de plantes qui contiennent de nombreux composants et qui sont vraisemblablement dégradés par la digestion. Quid également de leur biodisponibilité ? Ne nous emballons pas trop vite !
En revanche, le gros intérêt de cette étude est de confirmer qu’en intervenant à plusieurs niveaux des différents processus du vieillissement, les effets semblent s’ajouter, en synergie. Cela conforte, par ailleurs, l’approche globale « intégrale » en médecine anti-âge plutôt que d’attendre le produit miracle anti-vieillissement.
Santé, longévité, vieillissement, tout cela est sous l’influence multifactorielle de notre environnement, et il est bien logique qu’on ne puisse intervenir que dans une approche multifactorielle.
En passant, notez que la médecine ayurvédique utilise depuis très très longtemps des mélanges de nombreux produits naturels appelés « rasayanas » pour amélioré la vitalité (Ojas en ayurvéda), voire la longévité. Si l’on y regarde d’un peu plus près, on y trouve des antioxydants, des vitamines, des polyphénols et des substances reconnues aujourd’hui comme « anti-âge » par les études scientifiques récentes et qui ont des effets complémentaires. A méditer…
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Je pense que c’est très intéressant. Je prends du resvératrol depuis plusieurs années. Et je prenais de la spermidine sans le savoir avec mes 5 g de germes de blé chaque jour dans ma crème Budwig améliorée. Suite à la découverte des nombreux effets métaboliques de la spermidine, j’ai augmenté la dose à 8 g par jour pour dispose de 1,5 mg de cette molécule. Il semble que cela est suffisant pour favoriser l’autophagie.
Oui tout à fait, bonne déduction. La spermidine a des effets sur les voies métaboliques impliquées dans le vieillissement (comme mTOR, AMPK…) et ainsi peut contribuer à la stimulation de l’autophagie, tout comme la restriction calorique. Il est entendu qu’en cas d’apport calorique important, l’autophagie a peu de chances de s’activer. Soyez en forme et merci pour votre contribution très pertinente.
Merci pour cette confirmation. La spermidine est l’une des molécules qui m’intéresse dans le cadre de ma lutte contre les »Hallmarks of aging » (marqueurs (?) du vieillissement) dont j’ai établi la liste de 12 connus avec leurs compléments utiles/nécessaires.
Ma « supplémentation » s’est construite au fil des années avec, au commencement, les oméga-3. A noter que le séquençage de mon ADN m’a fait découvrir quelques manques dus à des allèles problématiques dont je peux compenser l’efficacité déficiente en prenant la bonne molécule comme la B9 active (5-MTHF) ou la CoQ10. Quelle aventure ! Et merci encore pour votre site si intéressant.
Avec plaisir.
La génomique va certainement se développer en médecine de la longévité, au fur et à mesure qu’elle deviendra plus accessible financièrement et plus fiable. En attendant, l’étude de la constitution de base de chacun permet aussi de combler certaines déficiences. Comme le fait la médecine ayurvédique depuis des millénaires.
Vous pouvez nous donner votre liste de 12 marqueurs. C’est toujours intéressant d’avoir des avis et de les partager. Bien à vous.
Voilà ma liste, pour le cas où elle serait utile.
Hallmarks primaires (cause directe des dommages) « Instabilité génomique
= accumulation de mutations, cassures de l’ADN, anomalies chromosomiques et pertes de télomères »
« Usure des télomères
= raccourcissent à chaque division cellulaire et, si trop courts, la cellule entre en sénescence ou meurt. »
« Altérations épigénétiques
= dérégulation de l’expression des gènes, liés à la sénescence, à l’inflammation et aux réparations cellulaires »
« Perte de protéostasie
= perte de l’équilibre dans la production, le repliement, la réparation et l’élimination des protéines »
« Macroautophagie déficiente
= entraîne l’accumulation de déchets intracellulaires, la perte de fonction cellulaire et l’activation de la sénescence »
« Hallmarks antagonistes
(stimulent d’abord, puis inhibent) » « Dérégulation des nutriments
= des voies de signalisation qui deviennent avec l’âge trop actives ou mal régulées »
« Dysfonctionnement mitochondrial
= altérations structurelles et fonctionnelles, qui conduisent à une baisse de la production d’ATP et une augmentation du stress oxydatif »
« Sénescence cellulaire
= les cellules ne se divisent plus, mais résistent à la mort cellulaire et sécrètent des substances inflammatoires: le SASP »
» Hallmarks intégrateurs
(cumulent l’effet de plusieurs causes) » « Épuisement des cellules souches
= elle reflète la perte progressive de la capacité régénérative des tissus »
« Communication intercellulaire altérée
= les cellules perdent la capacité de communiquer ce qui contribue à l’inflammation chronique, à l’immunosénescence »
« Inflammaging
= état chronique d’inflammation de bas grade qui s’installe avec l’âge, même en l’absence d’infection »
« Dysbiose intestinale
= déséquilibre du microbiote intestinal avec perte de diversité, augmentation de bactéries pro-inflammatoires et réduction des espèces bénéfiques ».
Pour chaque « Hallmark », des compléments ou des activités ont leur utilité. Si utile, je peux vous envoyer mon tableau Excel à double entrée.
Vivre plus longtemps c’est bien à condition de rester autonome et d’être à même de profiter de sa vie sans souffrance. Ma grand-mère aussi elle prend de la valeriane pour dormir tous les jours depuis plus de 10 ans, elle devrait vivre 300 ans alors ma mémé !!!
je connais des gens qui prennent de la passiflore et de la valériane depuis des années pour le sommeil. ils n’ont pas l’air vraiment plus jeunes que leur âge ni plus en forme. Comme vous dites : s’il suffisait de prendre cxes plantes en gélules pour rallonger la durée de vie, ça se saurait. Bon article!
Il est meilleur pour la santé de manger des aliments naturels, d’éviter l’alcool et de bien dormir, dans certaines plantes on trouve des vitamines que l’ont ne retrouve pas ailleurs