pates et pain : glucides ou hydrates de carbone

Régimes pauvres en glucides (low carb) : mode ou raison

Il est vrai que l’on se perd dans tous ces régimes qui prônent une alimentation faible en glucides, voire très faible, remplacés par des protéines ou des graisses. Régime paléolithique, low-carb, cétogène, Atkins, Mayo, ketodiet, Fodmap, régime à glucides spécifiques SCD, etc…

Certains sont proposés essentiellement pour l’amaigrissement, d’autres comme une alimentation de tous les jours pour être en forme.

Les partisans de ces styles alimentaires avancent qu’une réduction drastique des glucides serait favorable à la longévité mais ce fait est très controversé.

Une étude à grande échelle

Une étude récente, parue dans The Lancet Public Health, montre qu’une consommation modérée de glucides serait corrélée à une vie plus longue. L’étude (associée à une méta-analyse) a porté sur 432 179 adultes dans des populations de différents pays, avec un suivi moyen de 25 ans, pour observer la relation entre taux de glucides consommés et longévité.

Au final, c’est la consommation modérée en glucides (50-55% de l’apport énergétique) qui ferait vivre plus vieux (83 ans en moyenne).

Inversement, en dessous de 40% de glucides, ou bien en dessus de 70% de l’apport énergétique en glucides, le risque de décès plus précoce, toutes causes confondues, serait plus élevé. Les âges moyens maximums atteints sont, respectivement, 79 et 82 ans. Soit : jusqu’à 4 années de plus pour ceux qui mangent une ration de glucides moyenne.

De plus, l’étude a permis de constater que les protéines et les graisses n’auraient pas forcément le même effet sur la longévité, selon qu’elles soient d’origine végétale ou animale.

L’avis d’Anti-âge Intégral

Cette observation est très intéressante car elle porte sur le long terme. En effet, la plupart des études sur les effets bénéfiques des régimes très restrictifs en glucides sont en général à court terme. De plus, comme elle porte sur différentes populations, on ne parle pas d’une catégorie de glucide particulière (sucres lents ou rapides, simples ou complexes, etc…) mais bien de la proportion de glucides alimentaires en général.

Enfin, ces résultats éliminent les extrêmes et ça, on aime beaucoup.

Modérer et placer dans le contexte

Il est évident que notre alimentation moderne est trop riche en glucides de mauvaise qualité et qu’à l’origine, notre corps n’est pas fait pour en manger autant : index glycémiques trop élevés, fructose en excès, glucides complexes difficiles à digérer, sodas, farines trop raffinées, céréales hybrides, etc… et réduire ceux-ci ne peut qu’être salutaire pour tous.

Faut-il pour autant remplacer tous les glucides par des graisses et des protéines (comme tendent à le faire les diètes cétogènes ou paléos ? Cette étude semble dire que non (en tout cas sur le long terme). La plupart des populations qui vivent plus longtemps et en meilleure santé que la moyenne ne sont d’ailleurs pas spécialement adeptes du « low carb » : gens d’Okinawa, Hunzas, Crétois, etc… En revanche, on ne retrouve pas (ou très peu) de glucides de mauvaise qualité (céréales et farines très raffinées, produits glucidiques industriels…) dans leur alimentation qui est souvent riche en légumes et en fibres végétales.

Qualité des graisses et des protéines ?

D’un autre côté, il est vrai qu’aujourd’hui les protéines animales sont, le plus souvent, de piètre qualité avec les élevages industriels qui nous fournissent. Les apports en oméga 3, par exemple, ne sont plus au rendez-vous avec ces animaux qui ne connaissent ni la vie au grand l’air ni le goût des pâturages. On peut alors se demander si les résultats auraient été les mêmes si les participants à l’étude avaient mangé des viandes issues d’agriculture biologique… On peut imaginer que les pourcentages auraient été décalés un peu vers le bas, c’est à dire un peu moins de glucides que les 50 à 55% de l’étude.

L’adaptation à la digestion des glucides

Ne perdons pas de vue que notre génétique évolue. La capacité de digestion des glucides (et des graisses) a évolué elle aussi, surtout depuis les changements de mode de vie de l’homme au néolithique, et de son environnement.

Les scientifiques ont constaté des différences importantes, selon la modification de certains gènes, qui agissent par exemple sur la digestion des glucides par la salive, ou des graisses saturées, la tolérance au lactose, etc…

L’idéal serait donc de moduler ces résultats et d’adapter les quantités de glucides en fonction de chacun.

Dans le savoir millénaire en alimentation

La diététique ayurvédique a fait ses preuves depuis des milliers d’années. C’est un des piliers principaux de la médecine ayurvédique qui voit aujourd’hui la plupart de ses principes vérifiés par la science moderne. Elle donne une large place aux végétaux et donc aux glucides.

Surtout, elle est personnalisée selon la constitution de chacun et selon son environnement, le climat et l’endroit où il vit… Ceci est extrêmement important. Notre fonction digestive et métabolique varie largement d’un sujet à l’autre. Il sera donc toujours difficile, voire impossible, de faire des généralités en hygiène alimentaire de longue vie.

L’Ayurvéda conforterait les résultats de cette étude sur deux points :

  1. les glucides ne sont pas à bannir pour vivre longtemps (d’après la médecine ayurvédique, le problème ne vient pas tant des glucides ou des céréales que de leur qualité et de la capacité de chacun à les digérer)
  2. Souvent proche de l’alimentation végétarienne, elle irait dans le sens du résultat secondaire de l’étude : l’origine des protéines consommées modifie le rapport entre taux de glucides et longévité, à l’avantage des protéines végétales.

Pour autant l’ayurvéda n’est pas végétarienne et encore moins végane. Cette science laisse une part aux produits animaux, viandes, poissons, fromages, etc… mais en plus petites quantités que ce que l’on connaît aujourd’hui dans notre alimentation moderne occidentale.

En définitive, cette étude est plutôt rassurante. Plutôt que d’éliminer certaines catégories d’aliments, essayons déjà de modérer les quantités, et surtout d’améliorer notre digestion, notamment par les bases d’une alimentation saine, le choix d’aliments de qualité, bien cuisinés et une meilleure hygiène de vie.

A force de stigmatiser voire diaboliser certains aliments et d’éliminer céréales, produits à gluten, à lectines, à phytates, glucides complexes, viandes, laitages, sucres rapides, graisses saturées… on finit par ne plus savoir quoi manger, ce qui n’est pas mieux.

Ceci étant, que l’on pousse ces restrictions assez loin, dans le cadre de maladies chroniques, cela peut se concevoir mais c’est une autre histoire…