Hommes âgésBien que l’espérance de vie moyenne ait augmenté dans beaucoup de populations ces siècles derniers, cela ne veut pas dire pour autant qu’on a réussi à empêcher ou modifier le cours du vieillissement. On pourrait dire que nous sommes « plus nombreux à vieillir plus longtemps » mais pas que la durée de vie maximale a augmenté.

Une étude inédite sur vieillissement et mortalité

Alors que, ces dernières décennies, beaucoup de recherches visent à prévenir, voire à inverser le processus du vieillissement, une vaste étude du Leverhulme Center for Demographic Science à l’Université d’Oxford, publiée dans Nature, vient mettre les pieds dans le plat. Elle conclue que, chez les primates (humains ou pas), le vieillissement est biologique, avec un rythme peu changeant, propre à chaque espèce, et que nos capacités à ralentir le vieillissement sont limitées.

L’étude confirme qu’à ce jour, l’espérance de vie a surtout augmenté parce que les populations meurent moins jeunes qu’auparavant (meilleures conditions de vie, moins de guerres, meilleures hygiène et médecine) mais les durées de vie maximales sont toujours les mêmes, en moyenne.

Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs ont analysé les données sur les naissances et décès d’humains et de primates non humains, sur plusieurs siècles et plusieurs continents. Ils ont découvert que le schéma général de mortalité était le même chez tous. La longévité serait bien plus dépendante de facteurs biologiques qu’environnementaux.

Aujourd’hui, de plus en plus de personnes vivent beaucoup plus longtemps. Cependant, la trajectoire vers la mort à un âge avancé n’a pas changé. Cette étude montre que, sur le plan de l’évolution, la biologie l’emporte sur tout et que, jusqu’à présent, les progrès de la médecine n’ont pas été en mesure de vaincre ces contraintes biologiques, relate le chercheur José Manuel Aburto.

Cette étude va ainsi en contradiction avec ceux qui croient que l’on peux repousser sans limite l’âge de la mort, et va déplaire aux transhumanistes qui pensent que la science va permettre (à certains) de rester jeunes pendant quelques centaines d’années, voire de vivre éternellement, en transformant l’être humain grâce aux technologies.

L’avis d’anti-âge intégral

Au final, rien de très étonnant dans ces résultats qui confirment l’observation de phénomènes de la nature et de la biologie.

Il est toujours possible que dans l’avenir, la science des prothèses, les remplacements d’organes, la technologie ou les manipulations génétiques… amènent une personne à vivre 120 ans ou plus, en conservant de bonnes capacités physiques et mentales. Pourra-t’on encore parler d’être humain ? Est-ce une vraie opportunité pour l’avenir de notre planète et de l’humanité ? C’est un vaste sujet de débat.

En revanche, il est certain qu’aujourd’hui on est loin d’arriver tous à vivre ce vieillissement « normal » en restant en forme. Force est de constater que si l’on vit en moyenne plus longtemps (autour de 80 ans en Europe), la maladie et les pertes de capacités sont présentes bien souvent dès que l’on dépasse 50-60 ans. Il y a donc encore beaucoup à faire pour améliorer ce qu’on appelle l’espérance de vie en bonne santé qui, elle, n’évolue actuellement pas vraiment dans le bon sens dans nos sociétés occidentales (voir cet article).

De plus, il est logique de penser que le maintien de cette santé pourrait augmenter encore la moyenne d’espérance de vie vers ce qui semble être l’âge maximum chez l’homme et serait d’environ 120 ans.

Enfin les recherches pour ralentir (voire inverser) le vieillissement sont utiles car, même si à ce jour on a pas encore d’exemple appliqué à l’homme (comme un jeune adulte de 80 ou 100 ans, par exemple), elles nous permettent de comprendre les mécanismes complexes du vieillissement. Ainsi, elles peuvent contribuer à mieux conserver la santé comme les capacités physiques et mentales, au fil de l’âge, ce qui est déjà beaucoup.