En utilisant les protéines de Yamanaka, des chercheurs ont réussi à rajeunir des cellules humaines. Dans le même temps, ils ont montré qu’en traitant des cellules musculaires de vieilles souris par le même procédé, puis en leur réinjectant, ces animaux retrouvaient force et vigueur.

Les fameuses protéines de Yamanaka

ADN cellulaireLe Pr Yamanaka avait obtenu le prix Nobel pour ses travaux en 2012. Il a pu transformer des cellules adultes spécialisées en cellules souches pluripotentes (ces cellules immatures, comme celles d’un embryon, capables de se différencier en n’importe quelle cellule du corps : du foie, de la peau, du rein, etc…). Pour cela, il expose pendant 1 à 2 semaines, le matériel génétique des cellules à des protéines particulières. Ces dernières vont stimuler l’expression de 4 gènes que l’on sait très actifs chez l’embryon, et facteurs de réplication illimitée de la cellule. Il en résultera un retour à l’état de cellule souche pour 1% environ des cellules exposées.

Sur la route du retour vers la cellule souche

Aujourd’hui, des chercheurs de Stanford University ont imaginé la même manipulation mais en exposant moins longtemps (quelques jours) les gènes cellulaires aux protéines de Yamanaka. Ils utilisent pour cela un ARN messager pénétrant le noyaux des cellules, les forçant à fabriquer ces 4 protéines.

Résultat sur ces cellules humaines : elles ne se sont pas transformées en cellules souches mais, en revanche, leur aspect est redevenu celui de cellules jeunes ! Impossible de les distinguer de cellules humaines de jeunes personnes.

Vittorio Sebastiano est l’auteur principal de l’étude, publiée en ligne le 24 mars dans la revue Nature.

Ainsi, cette expérience démontre que le retour à l’état de cellule souche serait une inversion de l’horloge biologique, une remontée dans le temps où l’on pourrait arrêter la cellule à un stade plus jeune. On se prend alors à rêver d’un tel effet appliqué à toutes les cellules de notre corps, ou même d’un organe.

Pour le moment, l’étude sur les cellules humaine n’a été faite que sur des cellules de peau, de cartilage et de vaisseaux sanguins.

Un rajeunissement applicable dans l’avenir ?

ADN longévitéC’est une voie de recherche passionnante mais qui le restera certainement encore longtemps. En effet, il s’agit premièrement de manipulations génétiques même si le génome ne devrait a priori pas être affecté, et pas si faciles à mettre en oeuvre à l’échelle d’un corps humain. Pour le moment, il faut retirer les cellules du corps, les traiter et les réintroduire. Ce n’est pas simple.

Ensuite, elles ne sont pas parfaitement contrôlées. En particulier, un des écueils rencontrés sur les souris était l’apparition de cellules cancéreuses (même si une expérimentation a montré qu’on pouvait détourner ce problème en ajoutant un traitement à la doxycycline voir ici).

N’oublions pas non plus que la plupart des cellules du corps ont une durée de vie limitée (quelques semaines à quelques années selon les tissus). Ainsi, la question du devenir d’un organe après ce laps de temps reste à se poser.

Aussi, nous retiendrons que :

  • des manipulations sur les gènes peuvent effectivement faire « rajeunir » des cellules animales comme humaines,
  • ici cet effet rajeunissant est sur la voie du retour à l’état de cellule souche,
  • pour l’application pratique dans le rajeunissement global humain, les risques potentiels et l’évolution dans le temps, nous sommes encore dans l’inconnu.

Et vous, qu’en pensez-vous ?

voir l’étude de Stanford University