Multiplication de cellules souches

Nos cellules souches peuvent produire des cellules neuves pour réparer ou régénérer nos tissus et organes à tout âge. Leur nombre tend à diminuer en vieillissant. Et si l’on pouvait les stimuler, voire augmenter nos populations de cellules souches…

Une cellule souche c’est quoi ?

Une cellule souche est capable de se multiplier et donner naissance à d’autres cellules, afin de former un tissu du corps ou un organe. En simplifiant : un embryon se forme à partir de cellules souches (pluripotentes) qui vont se multiplier et, au fil des jours, se différencier en cellules souches plus spécifiques (multipotentes), qui vont à leur tour générer des cellules particulières formant des organes et tissus (cellules de peau, de foie, de rein, d’os, de nerfs, etc…). Au fur et à mesure que des cellules meurent dans nos différents organes et tissus, ces dernières cellules souches en génèrent des nouvelles.

Sauf qu’avec l’âge, nos cellules souches se raréfient, ce qui freine le renouvellement cellulaire. Ceci est étroitement lié au vieillissement des tissus et des organes du corps.

Différentes sortes de cellules souches

Les principales sortes de cellules souches sont donc :

Les cellules souches pluripotentes embryonnaires, capables de donner des cellules de tout genre. Elles ont, depuis très longtemps, fait l’objet de recherches et de perspectives dans le but de régénérer (voire rajeunir) des organismes adultes vieillissant ou abîmés. Bien sûr, on a pensé qu’il y avait là un secret pour la jeunesse éternelle. Elles posent toutefois des problèmes d’éthique non résolus, puisqu’on doit les prélever sur l’embryon, qui est un être humain en formation.

Les cellules souches multipotentes, capables de se transformer en différentes cellules mais moins, centrées sur un organe ou un tissu particulier. On a découvert assez récemment qu’il en persistait chez l’adulte, surtout dans certains organes (cellules souches adultes), qui leur donnent une capacité de régénération, comme par exemple :

  • la peau lorsqu’elle est blessée,
  • la moelle osseuse qui fabrique nos globules sanguins,
  • le foie s’il est amputé par une opération…

Aujourd’hui, on arrive à les prélever notamment dans la moelle osseuse, la graisse, la peau, et aussi le sang (G. Milhaud 2001)…, et on arrive même à les utiliser dans des organes différents de celui d’origine.

Plus récemment, il a été montré qu’on pouvait aussi transformer génétiquement une cellule différenciée (comme une cellule de peau par exemple) en cellule souche induite pluripotente, pouvant être programmée pour fabriquer n’importe quel tissu ou organe, avec toutes les possibilités que cela implique (Pr Yamanaka, Nobel 2012). Ces cellules induites n’auraient pas autant de risque de cancérisation qu’ont les cellules issues d’embryons. Leurs mutations chromosomiques après programmation semble mieux maîtrisée à présent. Surtout, elle règlent le problème de l’éthique pour les chercheurs.

La médecine régénérative

La voie d’une médecine régénérative et réparatrice tissulaire est alors ouverte. On y pourrait, en théorie, réparer ou régénérer des organes à neuf. Les scientifiques arrivent d’ores et déjà à fabriquer des « organoïdes » en 3D (un semblant d’organe) dans leurs boites de Pétri.

Il reste cependant la difficulté de bien contrôler la multiplication de ces cellules. En effet, cette dernière se fait naturellement dans le corps lorsqu’il faut réparer des organes défaillants mais elle dépend de certains signaux spécifiques de l’organisme, moins contrôlables. De plus, elle est régulée notamment pas certains globules blancs, pour éviter toute sur-prolifération ou cancérisation.

Enfin, pour les cellules souches induites, il semble qu’elles puissent conserver des chaînes d’ADN venant de la cellule d’origine, ce qui pourrait poser problème lors de la transplantation dans des organes différents.

Cellules souches et anti-âge

injection de cellules souchesDes études ont montré que les cellules souches de la moelle osseuse pouvaient, en plus de générer de nouveaux différents globules sanguins, aller à distance dans divers organes et s’y transformer en cellules spécifiques de cet organe pour le réparer. C’est le « potentiel de plasticité ».

Ainsi, en médecine anti-âge ou réparatrice, on imite ce processus. Selon la législation des pays, des traitements sont déjà appliqués ou en phase d’étude clinique. On y prélève des cellules souches dans des échantillons de peau, de graisse, de moelle, ou de sang du patient, pour les réinjecter, avec pour but :

  • une repousse des cheveux dans l’alopécie
  • une meilleure fermeture des plaies et brûlure étendues, en chirurgie réparatrice
  • une amélioration de la qualité de la peau du visage et du cou par des techniques d’injections multiples (comme le mésolift) mais aussi en incorporant les cellules prélevées et cultivées dans des crèmes (aux USA).
  • la régénération du muscle cardiaque après infarctus
  • la restauration des cartilages d’articulations usées, etc…

Dans certains pays, on peut congeler ses propres cellules souches pour les conserver et les utiliser plus tard, en cas de besoin.

Le champ d’investigation est vaste et très enthousiasmant mais au final, cette médecine régénératrice par les cellules souches n’est pas encore à maturité. Si des véritables régénérations ont été constatées (de la rétine de l’oeil, de muscle cardiaque et de cartilages…), il reste beaucoup de paramètres à maîtriser. Certains résultats sont très encourageants, d’autres beaucoup plus mitigés. Il faudra du temps et des études scientifiques supplémentaires pour faire avancer ces techniques, tout en suivant l’évolution de la législation.

Augmenter nos propres cellules souches

D’un autre côté, il est constaté que plus un sujet a de cellules souches, et mieux se font ses processus de réparation. La fonction de cicatrisation, par exemple, est bien plus performante chez les jeunes gens que chez les plus vieux, les fumeurs ou les toxicomanes par exemple qui, on le sait, possèdent moins de cellules souches.

Aussi, on peut déjà penser à augmenter notre potentiel de cellules souches lorsque l’âge avance, afin de prévenir ou améliorer les troubles liés au vieillissement. Pour ce faire, voici ce que nous enseigne la science à ce sujet. Nous y verrons une fois de plus, que les médecines traditionnelles y avaient déjà un peu pensé.

Prendre soin de ses cellules souches

En premier lieu, il faut veiller à ne pas diminuer le nombre de nos cellules souches, ni leur fonctions. On sait que le tabac, l’alcool, les toxiques et certains médicaments (hypocholestérolémiants, quinolones, anti-inflammatoires, corticoïdes…) diminuent la formation des cellules souches de la moelle, et leur action à distance pour réparer le poumon, le foie ou l’os… Ils endommagent aussi nos populations de cellules souches.

Il a été montré que des taux élevés de glucose réduisaient la formation des cellules souches mésenchymateuses. A l’inverse,des cellules souches adultes vivent plus longtemps en culture lorsqu’on leur réduit le glucose disponible (O Lee 2011). Voici donc une raison de plus pour manger sainement en réduisant les aliments sucrés et les hydrates de carbone.

Là encore, on constate que l’hygiène de vie est importante à tous les niveaux pour la longévité.

La nutrition

  • jeûner plus de 24h (D. Sabatini 2018) : la fonction des cellules souches intestinales augmente chez la souris après seulement 24h de jeûne
  • un régime hypocalorique et hypoglucidique imitant le jeûne de quelques jours a permis d’augmenter le nombre de cellules souches et la régénération chez la souris également (Valter Longo 2015)
  • un jeûne prolongé de quelques jours peut restaurer une immunité altérée par un traitement chimique, en favorisant la régénération des cellules sanguines par leurs cellules souches (V. Longo 2014), chez la souris et chez l’homme.
  • des études montrent que la restriction calorique de court terme améliore l’activité et la disponibilité des cellules souches chez le rat (A. Wagers 2012)
  • les polyphénols diminuent l’oxydation, et sont bénéfiques pour les cellules souches (Cherniak, Chekuri, Lee 2019) en particulier curcuma, quercétine, resvératrol, EGCG du thé vert, acide caféique… avec des implications positives sur les maladies liées au vieillissement (cancer, dégénérescence neurologique et cardio-vasculaire…). Ainsi une alimentation plus riche en fruits, légumes, céréales complètes, légumineuses, noix, cacao, thé, épices aromatiques… sera salutaire.
  • les acides gras essentiels insaturés (oméga 3 et 6) stimulent la production et la différentiation des cellules souches (J Kang 2014)
  • divers nutriments ont montré des effets positifs sur les cellules souches adultes, par exemple, l’association d’extrait de myrtilles des marais, vit D et C, carnosine et catéchines a été étudiée (P Bickford 2006).
  • plusieurs algues semblent contenir des composants bénéfiques sur les cellules souches, comme : spiruline chlorella, algue de Klamath, laminaria japonica…
  • enfin, certaines plantes de la pharmacopée traditionnelle comme Polygonum multiflorum (en Chine : fo-ti), guduchi et ashwaganda en médecine ayurvédique… ont montré des actions stimulantes sur les populations de cellules souches. Elles sont généralement riches en polyphénols antioxydants (P. Udagama 2016).

L’hygiène de vie

  • un sommeil de 7 à 9 heures est nécessaire pour conserver une bonne activité de vos cellules souches. Leur fonctionnement peut chuter de moitié pour un manque de 4 heures de sommeil par semaine seulement (en savoir plus sur sommeil et anti-âge).
  • femme sur vélo en salle de gymOn sait bien que l’activité musculaire permet la fabrication de nouvelles fibres musculaires mais on retrouve aussi plus de cellules souches dans les muscles en pratiquant de l’exercice en charge (comme dans la musculation ou le HIIT). La recherche montre également que les vieux animaux plus actifs ont plus de cellules souches et fabriquent de meilleurs os.
  • 2 à 3 séances d’activité sportive par semaine sont très favorables. L’exercice peut stimuler les cellules souches du système nerveux et améliorer l’acuité mentale (G Blackmore 2009).
    Une étude montre aussi que les cellules souches adultes dans les muscles augmentent en nombre et en activité grâce à l’exercice, mais aussi dans des organes comme les os, le coeur, le foie… (F. Macaluso 2012)
    En pratique, faites du cardio ou du HIIT 2 à 3 fois par semaine, et ayez une activité plus modérée comme le yoga ou la marche, le reste du temps. Ceux qui sont inactifs se contenteront d’activité physique douce pour commencer.
  • l’activité physique favorise aussi la mobilisation des cellules souches sanguines (M. de Lisio 2016) avec un effet semblable à la greffe de moelle osseuse faite pour traiter certaines leucémies.

La complémentation alimentaire

  • un mélange de bleuets, sorte de myrtilles (blueberries), de cathéchine de thé vert, de carnosine, et de vitamine D augmente in vitro de 70 % la prolifération des cellules souches de la moelle osseuse (C Bickford 2006).
  • Le curcuma a un effet anti-inflammatoire et aide les cellules souches mésenchymateuses (présentes dans le muscle, la graisse, la moëlle osseuse…) à mieux fonctionner. Il a aussi été montré qu’il favorisait la fabrication et la restauration des os.
  • le resvératrol, ainsi que la vitamine C, stimulent également les cellules souches de la moelle osseuse (D. Yoon 2014)
  • D’autres plantes sont citées dans la littérature comme : l’aloe vera, la centella asiatica, l’amalaki, l’extrait de moringa…
  • Le l’oligo-élément bore aurait aussi un effet positif, ainsi que les probiotiques.

Cellules souches et cosmétique anti-âge

creme visageEn cosmétique anti-âge, les cellules souches ont le vent en poupe mais il s’agit de cellules souches de plantes. Il ne faut pas les confondre avec les cellules souches embryonnaires dont l’utilisation pour améliorer la peau existe dans certains pays mais n’est pas autorisée en Europe. Les cellules souches de plante ne créent pas de nouvelles cellules de peau humaine. En revanche, elles pourraient stimuler les cellules souches de la peau, avoir un effet antioxydant et favoriser la densité en acide hyaluronique.

On sait aussi que certains végétaux ont un effet stimulant les cellules souches cutanées, comme le gingembre, la tomate, la pomme, la centella asiatica…

Il existe aussi des substances élaborées par la recherche de laboratoires cosmétiques qui agiraient dans le même sens. Par exemple, la stemoxydine, en application locale, pourrait stimuler les cellules souches des bulbes pilaires et favoriser la repousse des cheveux.

En conclusion

L’utilisation de cellules souches peut donc se classer parmi les techniques anti-âge capables de rajeunir des cellules ou organes (c’est donc plus qu’un simple ralentissement du vieillissement). Elle n’en est qu’à ses débuts. La médecine régénérative, bien que prometteuse, présente encore des zones d’ombres qu’il faudra lever, ainsi que des restrictions d’ordre juridique qui devront se régler.

En attendant, et vu qu’il existe diverses façons de stimuler ou accroître le nombre de nos cellules souches d’adulte, nous avons tout intérêt à les utiliser dans une approche intégrative prenant en compte tous les aspects du vieillissement.