On trouve du silicium dans le bambou

Le silicium est un minéral naturel. C’est l’oligoélément le plus présent dans le corps humain (avant le fer, le zinc ou le cuivre…). Il est très important pour la structure de notre corps. En particulier, il est utilisé dans la fabrication du tissu osseux, de notre collagène et de notre élastine, ces protéines qui se mettent en fibres donnant solidité et souplesse à nos tendons et à notre peau.

On constate qu‘avec le vieillissement, la quantité de silicium total diminue dans notre corps, vraisemblablement par diminution de nos capacités d’absorption de cet oligoélément et par diminution du métabolisme cellulaire du silicium.

Silicium et fonctions métaboliques

Il participe surtout, comme on l’a vu, à la fabrication des tissus de soutien dans les os, tendons, peau, tissu conjonctif, parois des vaisseaux… Il est utile à la synthèse des glucosaminoglycanes, composants importants des cartilages et de l’acide hyaluronique très présent dans nos articulations.

Il jouerait aussi un rôle dans la fixation du calcium (une étude américaine en 2005).

Enfin, il pourrait servir à nos défenses immunitaires. Il est d’ailleurs très présent dans les tissus lymphoïdes et nos glandes surrénales dont on connait les rôles dans l’immunité.

Bien qu’il soit incorporé à la structure de certains de nos tissus, il faut savoir que le silicium agit surtout en tant qu’inducteur de fabrication ou de régénération des tissus, en tant qu’oligoélément « catalyseur ». En fait, nombre de ses actions restent encore mal élucidées bien qu’observables.

Avec l’âge, la teneur en silicium de tissus du corps, comme la peau ou les tendons, peut diminuer de 80% (selon différentes études). Ceci peut provenir de notre moins bonne capacité d’assimilation en vieillissant (voire d’une alimentation pauvre en silicium : manque de fibres et de végétaux…). Cela pourrait être une des causes de la fragilité osseuse (ostéoporose), cartilagineuse et ligamentaire, de la perte de tonicité cutanée et des cheveux, des rides, de la fragilité des ongles, etc… liées au vieillissement.

Selon les médecines traditionnelles et l’Ayurvéda, les personnes du type Vata (phosphoriques en homéopathie) sont plus sujet à manquer de silicium (voir ici comment connaitre votre constitution).

Le silicium dans les alimentsasia-546808_640

Le silicium se dissout dans les eaux de boisson. Certaines eaux minérales traversant des couches sableuses en sont plus riches. Toutefois, sous cette forme de silice minérale soluble, son absorption digestive reste faible (moins de 10%).

La plupart des plantes hautes, fibreuses et les céréales complètes apportent du silicium sur le plan nutritionnel. Le raffinage des céréales entraine une perte de teneur en silicium (et bien sûr d’autres nutriments essentiels). Le bambou, la prêle et l’ortie sont des plantes très riches en silicium.

Principales sources de Silicium pour 100g (calcul en mg)
Ortie 380
Avoine 18
Dates 16,6
Riz complet 16
Fruits séchés 10
Moules 9,5
Pousses de bambou 9
Haricots verts 8,7
Noix, noisettes, amandes 7
Graines de tournesol, lin, sésame 6

Source: https://ciqual.anses.fr

Dans l’état actuel des connaissances, les végétaux apportent surtout la forme « colloidale » du silicium. Il s’agit de molécules d’acide orthosilicique qui, en se liant à des molécules glucidiques (glucides) ou à des protéines forment un composé « organique » : la silice colloidale. Des molécules de silice organique seraient également présentes dans la sève des plantes mais sont difficiles à mettre en évidence. Elles resteraient peu de temps sous cette forme et seraient rapidement métabolisées en d’autres complexes. La capacité d’assimilation de la silice végétale est difficile à bien établir. Elle pourrait atteindre les 44% selon certaines études pour les haricots verts mais seulement 4% pour les bananes (7).

Quand faut-il en prendre ?

Notre apport en silicium quotidien serait satisfaisant. Il en faudrait 20 à 40 mg par jour qui devraient être dans notre alimentation. En fait, ceci reste encore flou. Il n’y a pas vraiment de seuil de carence bien défini ni de dose nécessaire au quotidien dans notre alimentation donnée par les autorités de santé.

En micronutrition et en médecines alternatives, il est classique de donner des suppléments de silice dans les cas suivants :

  • ostéoporose, décalcification,
  • tendinites,
  • arthrose,
  • maladies cardiovasculaires,
  • cicatrisation lente,
  • baisse de l’immunité,
  • ongles cassants,
  • certaines alopécies (pertes de cheveux)…

Les plantes riches en silicium sont d’ailleurs utilisées traditionnellement dans ces indications, en médecines alternatives et naturelles.

… et la silice organique ?

Par opposition au silicium minéral, c’est une forme particulière de silice : le mono méthylsilanetriol (MMST) qui Methylsilanetriolapporterait un silicium soluble, comportant un groupement méthyle comme dans d’autres molécules retrouvées chez les organismes vivants (soit : « organiques »).

Le silicium organique a été, en fait, inventé et synthétisé à la fin des années 50. Il a beaucoup fait parler de lui et entrainé de grandes polémiques. Présenté par certains comme un remède quasiment « miracle » et par d’autre comme un attrape nigaud sans fondement scientifique, ce produit a été repris par de nombreux fabricants et vendeurs, parfois hélas sans scrupules. Néanmoins, il faut bien admettre qu’un grand nombre de personnes l’ont utilisé et l’utilisent encore avec de bons résultats dans des problèmes articulaires et tendineux, l’athérosclérose et pour améliorer la qualité de la peau, ongles et cheveux… Dans notre pratique médicale, nous en avons souvent observé les résultats, quel qu’en soit son mode d’action réel.

On trouverait le MMST dans la sève des végétaux et sur les grains de sable (fabriqué par des micro-organismes) mais sa mise en évidence n’est pas facile. Les études scientifiques sont peu nombreuses pour cette molécule tombée maintenant dans le domaine public où il sera donc difficile de trouver des investisseurs pour les financer.

Le silicium organique serait parfaitement assimilable par notre corps (par opposition au silicium de l’eau de boisson, d’origine minérale). Outre l’assimilation digestive, il traverserait directement nos muqueuses et pénètrerait aussi à travers notre peau. L’étude britannique citée plus haut (7) montre une absorption de 64% pour le MMST (curieusement la même que pour la bière sans alcool (!)). D’autres auteurs vont jusqu’à 70% d’absorption.

Les vertus qui lui sont attribuées seraient donc liées à ce critère d’assimilation, en admettant que la mauvaise assimilation du silicium est plus courante qu’on ne le pense. Ses effets sont issus du rôle du silicium dans l’organisme. Il agirait donc sur :
– l’amélioration de l’état articulaire
– la protection des tissus de soutien, des tendons et des ligaments
– la tonicité et la souplesse de la peau et des cheveux
– la qualité et la souplesse des parois artérielles et veineuses.

Il s’agit d’indications particulièrement fréquentes en médecine anti-âge.

Au final, l’efficacité de ce produit est donc sujette à controverses. Mêmes certaines études scientifiques se contredisent. Si son emploi reste très répandu, avec des personnes convaincues de ses bienfaits (dont des médecins et des scientifiques), il existe hélas peu d’études cliniques probantes à ce jour.

Conclusion : quel silicium prendre ?

Si notre corps en a besoin (comme pour tous les nutriments essentiels), il peut être raisonnable d’augmenter ses apports en silicium. Comment procéder en pratique ?

Les plantes riches en silices sont utilisées depuis très longtemps dans les médecines traditionnelles dans les indications vues plus haut et liées au manque de silicium. Même si l’absorption de cet oligoélément est faible sous cette forme, cette voie a fait ses preuves dans le temps avec des plantes comme le bambou, la prêle, l’ortie, le saule, etc… De plus, les apports nécessaires étant mal définis, il n’est pas dit qu’il en faille beaucoup pour qu’ils agissent.

La forme « silicium organique » de synthèse (ce qui peut paraitre un paradoxe) est séduisante par sa grande capacité d’absorption et ne présente pas de toxicité potentielle. Bien que sujette à polémique, on ne peut nier les abondants témoignages et les constatations de résultats en pratique médicale. Alors, pourquoi pas ?

Notons aussi que le silicium organique a été le principe actif d’un médicament injectable pendant longtemps (et même remboursé par la sécurité sociale) : le Conjonctyl°. Il était beaucoup employé en mésothérapie.

Si l’on décide d’utiliser le silicium organique (ou méthylsilanetriol), il faut rester à l’écart des raconteurs de boniments, se renseigner sur son origine et sa qualité de fabrication. Ce n’est en aucun cas une panacée et il est sage de rester dans le cadre des affections où il a fait ses preuves chez les patients.

Ce qu’on l’on retiendra, c’est que les tissus de soutien du corps perdent leur silicium au fur et à mesure du vieillissement et que tous les moyens pour les recharger sont les bienvenus.

Bibliographie :

(1) Charnot Y., Peres G.: Modification de l’absorption et du métabolisme cellulaire du silicium en relation avec l’âge, le sexe et diverses glandes endocrines. Lyon Médical, 1971, 226(13) : p. 85-89
(2) Creac’h P., Adrian J. : Le silicium dans la chaîne alimentaire et sa localisation dans l’organisme. Med. Nut., 1990, 26 (2) : p. 76-84.
(3) Henrotte J.G., Viza D. et al : Le rôle régulateur du silicium dans la division cellulaire. C. R. Acad. Sci. Paris, 1988, 306 : p. 525-528.
(4) Yokoi H., Enomoto S. : Effects of degree of polymerisation of silicic acid on the gastrointestinal absorption of silicate in rats. Chem Pharm Bull, 1979, 27 (8) : p. 1733-1739.
(5) Schwartz K. : Silicon, fibre et atherosclerosis. The Lancet, 1977, p. 454-456.
(6) Jugdaohsingh R. et al : Dietary silicon intake and absorbtion – A m J C lin Nutr, 2002, 75: p. 887-893
(7) The comparative absorption of silicon from different foods and food supplements
Supannee Sripanyakorn,1,2 Ravin Jugdaohsingh,1,3 Wacharee Dissayabutr,1 Simon H. C. Anderson,4 Richard P. H. Thompson,1 and Jonathan J. Powell3, – Br J Nutr. 2009 Sep; 102(6): 825–834