études de laboratoire

Des milliers d’études scientifiques cherchent chaque année à rallonger la vie et à éviter les maladies liées à l’âge.

Aucun élixir de longue vie n’a encore été trouvé mais certaines découvertes sont étonnantes.

Il n’est pas un jour sans qu’une étude scientifique ne cherche à comprendre le vieillissement et à améliorer la longévité. Ce sujet a toujours préoccupé l’homme. Aujourd’hui, la science a permis d’obtenir des résultats bien réels même s’il est vrai qu’ils ont plutôt été constatés chez l’animal que chez l’être humain.

Il n’est pas rare aussi que la découverte d’un jour, classée comme révolutionnaire, soit remise plus tard en question (par exemple : effet de la télomérase, rôle des antioxydants…). Il s’avère que les effets et les causes du vieillissement soient en fait très complexes et intriqués. Nous sommes loin d’avoir tout compris.

Quoi qu’il en soit, voici 4 découvertes récentes dont les résultats sont parmi les plus impressionnants.

1. Un sujet jeune peut en rajeunir un vieux en lui donnant son sang

transfusion de sangDans une expérience, des chercheurs ont fait passer le sang d’une souris jeune dans la circulation d’une souris âgée pendant 1 mois (Loffredo et al. 2013). Ils ont pu ensuite constater que l’hypertrophie cardiaque de la souris âgée avait disparu et que son coeur avait ainsi « rajeuni ».

Les chercheurs ont mis en évidence qu’une protéine (GDF 11) présente en grande quantité chez le sujet jeune et qui diminue en vieillissant, était la cause de ce rajeunissement cardiaque.

Des injections de GDF 11 ont ensuite été expérimentées et ont montré que cette protéine pouvait également améliorer la mémoire, l’endurance, la force musculaire… chez les animaux de laboratoire. Demontis et al en 2014 montre (sur des mouches) que l’équivalent du GDF 11 agit aussi sur les tissus autres que le muscle et augmente même leur durée de vie.

Il faut aussi noter que GDF11 agit au niveau du cerveau pour stimuler le processus naturel de régénération de nos cellules qu’est l’autophagie (voir notre article).

Finalement, les vampires de légendes, suçant le sang de jeunes victimes pour avoir la vie éternelle avaient peut-être raison mais la GDF11 sera peut-être plus simple à utiliser ! En tout cas, les scientifiques cherchent aujourd’hui les moyens d’augmenter nos niveaux de GDF11.

2. Rallonger sa vie grâce à son comportement

épigénétique ADNLa recherche en génétique est arrivée à décoder notre ADN et à connaitre les fonctions de quasiment tous les gènes qui le constituent. Nos gènes fonctionnent bien entendu selon ceux de nos parents, c’est l’hérédité.

Cependant, il est maintenant établit que, dans le fonctionnement de nos gènes comme dans la prédisposition à certaines maladies, notre hérédité compterait 2 à 3 fois moins que notre mode de vie. C’est l’épigénétique (voir notre article).

Cette science décrit comment l’expression de nos gènes peut être modifiée par notre alimentation, nos habitudes, le stress, l’environnement, etc…

On ne peut changer ses gènes mais on peut modifier la façon dont ils fonctionnent.

Notre vieillissement programmé dans nos gènes ?

Depuis quelques années, on sait que certains gènes influencent largement notre vieillissement, soit en l’accélérant, soit en le ralentissant. De nombreux chercheurs se sont mis à étudier les moyens de modifier cela. En particulier, ils ont vu que certaines de nos enzymes les « sirtuines » étaient très impliquées dans la gestion des processus du vieillissement et dans le risque de déclarer certaines maladies liées à l’âge.

Par exemple, une des sirtuines (la SIRT1) qui agit sur de nombreux processus ralentissant la sénescence cellulaire, est activée par la restriction calorique, l’exercice physique, le sommeil et les jeûnes (voyez à hygiène de vie).

Manger moins et dormir plus pour rallonger la vie

Dès les années 30 des chercheurs ont réussi à rallonger la vie de souris en réduisant leur ration alimentaire quotidienne. Cela avait fait sourire plus d’un médecin car aucun mécanisme de cet effet supposé sur l’homme n’était clairement expliqué. Depuis, de nombreuses études ont répété cette expérience sur d’autres animaux d’expérimentation (vers, mouches, souris…) et la découverte des sirtuines (activées donc par la restriction calorique) nous a apporté des explications tangibles sur ces résultats.

D’autres protocoles se sont aussi révélés efficaces pour rallonger la durée de vie. Par exemple, certains exercices physiques, des techniques de méditation et de gestion du stress, l’amélioration du sommeil, etc…

Le plus souvent, ces changements dans l’hygiène de vie ou dans notre environnement, agissent en modifiant l’expression de nos gènes, qui n’est donc pas « figée ». Cette modification du comportement de nos gènes est accessible à tout le monde. Elle est très intéressante pour améliorer notre longévité et réduire l’incidence des maladies liées au vieillissement. Ce processus capable de rallonger notre vie, malgré notre hérédité, s’appelle donc l’épigénétique (voir cet article).

3. Vigueur, force et muscles tout neufs avec le NAD+

Le NAD+ est une molécule présente chez tous les êtres vivants, impliquée dans notre processus cellulaire de fabrication d’énergie à partir du glucose et des acides gras dans notre corps. Ceci se passe dans nos fameuses mitochondries*, les « centrales énergétiques » de nos cellules.

Il semblerait que le mauvais fonctionnement de nos mitochondries, et la perte d’énergie et de force musculaire du vieillissement, soient très liés à la baisse de NAD+. Comme nos hormones, notre production de NAD+ diminue avec l’avancée en âge. Il suffirait alors de l’augmenter pour améliorer son énergie. Mais comment booster ce NAD+ ?

Chez des souris, le Pr Sinclair en 2013, montre que les muscles d’un sujet âgé peuvent retrouver une nouvelle jeunesse en augmentant leur niveau de NAD+ par injection de nicotinamide mononucléotide (NMN). L’aspect des muscles de souris âgées et ainsi traitées en 8 jours seulement n’est quasiment pas différentiable de celui des sujets jeunes. En extrapolant à l’homme, cela serait l’équivalent de muscles de 20 ans chez un sujet de 60 ans.

Le NAD+ favorise l’action des sirtuines, ces enzymes découvertes récemment. On sait aujourd’hui que ces sirtuines contribuent à améliorer la longévité en activant certains gènes, et en réparant les lésions sur notre ADN. Elles peuvent aussi désactiver les gènes promoteurs d’inflammation et de processus de sénescence. En fait, NAD+ et sirtuines sont impliquées dans la production d’énergie dans nos cellules (le métabolisme énergétique).

raisinsIl a été montré qu’une molécule comme le riboside nicotinamide (un dérivé de la vitamine B3) pouvait aussi augmenter les niveaux cellulaires de NAD+. De même, le resvératrol, un polyphénol contenu dans les raisins et certaines baies, saurait en faire autant.

Certains probiotiques comme les levures Saccharomyces et les bactéries lactobacilles sont capables de synthétiser le riboside nicotinamide dans nos intestins. Les premières sont trouvées dans la levure de bière et de boulanger, les secondes dans les ferments lactiques. Une flore intestinale les contenant en quantité suffisante pourrait donc augmenter nos niveaux de NAD+ et notre énergie (Sweden’s Lund University found the L. reuteri elevated the availability of succinic acid which works with NAD).

Sachez aussi que l’étirement des fibres musculaires augmente leur taux de NAD+. Une raison de plus pour pratiquer le yoga ou le stretching.

Citons enfin qu’une goutte de solution de bleu de méthylène à 2% (un colorant utilisé sur les aliments) chaque jour peut ralentir le vieillissement de nos cellules et améliorer le fonctionnement de nos mitochondries (FASEB J. 2008).

Ne doutons pas que de futures études (notamment du Dr David Sinclair) nous montreront l’action d’autres substances ou comportements sur les niveaux de NAD+ et notre production d’énergie mitochondriale (voir notre article).

4. Fabriquer des cellules humaines neuves avec des vieilles

gênesEn 2011, Jean-Marc Lemaitre et ses collaborateurs de l’Inserm sont arrivés à « reprogrammer » les gènes de vieilles cellules humaines (de sujets centenaires) et à en faire des cellules souches pluripotentes. Ces cellules sont nombreuses chez l’embryon et deviennent plus rares chez l’adulte au fil du vieillissement. Elles sont capables de donner naissance à n’importe quel type de cellules du corps : peau, neurones, cellules digestives, musculaires, osseuses, etc…

On savait déjà reprogrammer des cellules humaines en cellules souches mais celles-ci conservaient des marques de sénescence, ce qui les empêchait de se multiplier, au bout d’un certain temps. Or l’équipe de l’Inserm a bien démontré qu’il était possible de renverser le processus du vieillissement d’une cellule jusqu’à obtenir une cellule jeune, identique à une cellule souche embryonnaire. Un vrai rajeunissement, une remise à zéro des compteurs…

En effet, les cellules souches ainsi formées ne montrent plus aucun signe de vieillissement. Plus encore, leur capacité à se multiplier et leur durée de vie sont augmentées. Une vraie science-fiction !

On a démontré que le vieillissement de nos cellules était réversible

Cette reprogrammation a été possible en utilisant un cocktail de 6 facteurs agissant sur les gènes des cellules, faisant l’objet d’un brevet.

Ceci ouvre des possibilités infinies dans la recherche de l’amélioration de la longévité, tout comme dans la régénération des tissus ou des organes lésés après une maladie ou un traumatisme. Il faut cependant savoir que l’utilisation médicale des cellules souches et les manipulations génétiques sont très encadrées. Des lois d’éthique en limitent l’emploi.

Mais qui sait ce que nous réserve l’avenir…